L’engagement d’adhésion et ses réalités jeunes


L’adhésion des jeunes aux Organisations de Jeunesse ne peut se penser de façon réductrice et doit être mise en relation avec l’avenir du Secteur Jeunesse en Communauté Française. Des jeunes issus de l’immigration ou de l’enseignement professionnel participent comme les autres. Ils ne sont ni des exceptions, ni des exemples. Ce sont des jeunes citoyens engagés dans une Organisation de Jeunesse.

Pour nous, Coordination d’Organisation de Jeunesse, ce rapport de la Fondation P&V sur l’accessibilité des organisations de jeunesse (Cf. édition du 27 avril), nécessite que l’on s’y attarde. Il met en avant différents constats, analyses et enjeux actuels partagés par le secteur des organisations de jeunesse en Communauté française. Plusieurs travaux de réformes sont en cours en collaboration avec la Ministre de la jeunesse Fadila Laanan.

La participation des jeunes

Le rapport met bien en valeur l’importance de la participation des jeunes dans la réalisation de projet associatifs. Les projets développés dans nos associations sont un terreau fertile pour l’engagement des jeunes dans la société. Terreau citoyen et démocratique, les associations permettent une véritable émancipation culturelle et sociale tout en conduisant naturellement chacun à participer à un projet collectif. Elles développent le « vivre ensemble », pour reprendre le titre du rapport.

Les pratiques développées dans les associations évoluent, dans le temps et d’une association à l’autre. Comment pourrait-il en être autrement, puisque c’est le jeune qui assume la responsabilité du projet et de l’association ? Le jeune ne vient pas dans les associations de jeunesse pour y consommer un service. Tout au contraire, il s’y approprie un projet, des moyens et des relations avec d’autres jeunes. Ces trois dimensions forment un cadre de réalisation personnelle et collective basé sur la co-construction de l’action.

Conscientes de la valeur de ce qui y est vécu par les jeunes qui participent à leurs actions, les associations se posent la question de l’accessibilité depuis leur création. L’offre des mouvements couvrait alors tous les publics sociaux. Aujourd’hui encore, la JOC, la JEC, les Patros, les Jeunes CSC, Gratte, etc. ont des approches spécifiques pour des publics dits fragilisés. Mais la question se vit sans doute actuellement avec plus d’acuité, car l’accueil de chacun est devenu un enjeu global de notre société et de nouvelles catégories d’exclus se font jour. C’est l’ensemble des pratiques culturelles et éducatives, mais aussi celles des institutions de régulations socio-économiques, qui doivent aujourd’hui tenir compte d’un public de plus en plus large qui ne peut rentrer tel quel dans les cadres qu’elles proposent. Des liens entre les pratiques sont à faire.
Ainsi, l’école est identifiée comme facteur déterminant de l’entrée en associations de jeunesse. Le rapport P&V va bien au-delà d’une simple corrélation entre le niveau d’enseignement et la participation. Il propose un véritable lien de causalité sur lequel il faudrait travailler afin que les jeunes de l’enseignement professionnel puissent tout autant que ceux de l’enseignement général s’engager dans une organisation de jeunesse. Si cette lecture causale est étonnante, elle devrait conduire à ce que le ferment d’un engagement citoyen présent dans l’enseignement général le soit aussi dans l’enseignement professionnel. Cependant, sans doute comme les bourses P&V sont à destination des jeunes, l’étude commanditée par la Fondation P&V invite les associations à assumer cette difficulté supplémentaire. Nous n’y voyons pas un grand problème, plusieurs études menées dans le secteur nous ont déjà permis de progresser en ce sens.

Des difficultés existent dans les associations. Tous les publics sont touchés et certains moins que d’autres. Mais même si les statistiques illustrent que certains publics sont moins nombreux, aucun public n’est absent. Et c’est déjà une victoire.

Les organisations intègrent de mieux en mieux que l’engagement de conviction d’hier, qui les conduisait dans une association, était devenu un engagement d’adhésion. Si par le passé, une conviction préexistait, chez le jeune ou ses parents selon qui :
 Il fallait passer par une Organisation de Jeunesse ou ;
 Telle organisation pouvait offrir un ou plusieurs avantages ou encore ;
 Telle organisation permettait de participer de combats (idéologique, culturel ou social)
Aujourd’hui ce n’est plus le cas.


 Le jeune doit avoir l’opportunité de se reconnaître dans le projet de l’association.
 C’est un parcours commun du jeune et de l’association qui se fait par l’engagement. Ce n’est pas l’association qui consomme du jeune.
 La durée de l’engagement d’un jeune dans une association est fonction de l’identification qu’il a à celle-ci. Il faut une véritable adhésion globale.
 Par le recours à des méthodes de démocratie interne et d’élaboration collective de projet, nous y parvenons.

Pas de positivisme béat

Le secteur des organisations de Jeunesse ne saurait se contenter d’une demi-mesure en la matière. Chaque jeune a effectivement sa place dans les projets, sans qu’une ébauche de diversité puisse servir d’alibi et fermer la porte aux autres. L’entrée dans l’activité reste un frein pour certains. D’autres éprouvent des difficultés à rester, le plus souvent pas à cause du projet, mais pour confronter les deux variables de la société actuelle : le manque d’accès aux ressources des jeunes et l’augmentation des offres de consommation qui s’identifient de plus en plus à des contraintes dans un monde d’image.

S’il est important de se tourner vers les jeunes absents des associations afin de déterminer quelle est l’offre qui pourrait leur être faite demain, il est tout aussi important que le secteur des organisations de jeunesse puisse mener à bien son évaluation.

La Déclaration de Politique Communautaire ne disait pas autre chose. Dans l’accord de gouvernement au niveau de la Communauté française, on trouve l’engagement de mener une évaluation quantitative et qualitative du secteur. Cette mission devrait être confiée à l’Observatoire de la Jeunesse, de l’Enfance et de l’Aide à la Jeunesse ainsi qu’à l’Observatoire des Politiques Culturelles.

Avec la Ministre, nous entamerons dans les semaines qui viennent une évaluation prospective, afin d’identifier, à notre niveau des nouvelles orientations pour notre forme d’associatif jeune, celui des organisations de jeunesse. Cette évaluation ne saurait à elle seule nous donner les bases pour penser l’action de demain. Nous appelons à la réalisation de l’évaluation globale telle que prévue dans l’accord de gouvernement.

Vincent Gengler
Secrétaire Général adjoint du CJC